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Marine Feuerstein
4 juin 2007

Come on and rescue me…. Mini Solo Edition 2007

La Mini Solo. On s ‘en souvient.

En 2005, ce fut ma première course en solitaire ! Je m’étais trompée de  way-point, j’avais passé 5 heures dans la pétole au large de Gruissan et j’étais arrivée furieuse, 5 heures après le premier.

En 2006, j’étais arrivée fatiguée et énervée au départ. J’avais mal tricotée et avais terminé la course dans les profondeurs du classement. Pour la petite anecdote, j’avais aussi esquinté un safran sur la digue de Port Camargue en sortant du port !De bonne augure pour la suite…

Mais voilà une nouvelle édition et peut-être l’occasion de bien faire.

« Vous allez aller vite » me dit-on sur le quai. En effet, il est prévu que le vent d’Ouest se lève fort à minuit, à l’heure où nous devrions normalement enrouler la bouée de Gruissan.

Nous partons avec les « tops conditions ».Du vent comme il faut, du soleil. De quoi régater proprement.

Plus prompts à dégainer le gennaker, Aloys Claquin sur Vecteur Plus et Andrea Caracci sur Speedy Bonsaï s’envolent dès le départ tandis que je navigue bord à bord avec deux Tip Top : Brice Aque et Fred Donot. Pas faciles à lâcher ces deux bateaux de série !

Je me régale dans ce vent qui monte et je me sens à mon aise. Changements de voiles, réglages, tactique. Je suis bien placée et décidée à ne rien lâcher !

Devant Sète, le vent monte soudain. Il y a un grand soleil et une très belle luminosité sur le Mont Saint Claire. La mer se forme, verte. A mon plus grand plaisir, Brice doit affaler son génois pour hisser son Solent tandis que je n’ai qu’à penduler ma quille et prendre un ris dans la grand voile. Salut Brice ! Je fais le compte : je dois être troisième. « Comme une caille » me dis-je.

Je décide d’aller tricoter le long de la plage pour profiter des effets de site. L’option est payante car je navigue sur une mer plate et 20 nœuds de vent. Le vent tourne par ailleurs à droite. J’enchaîne les virements entre la plage et les parc à huîtres : quiller, déquiller, choquer, reborder. C’est tout bon ! Je suis dans le coup !

Le vent monte fort. Il y a maintenant 30 nœuds bien établis. Je ressors au Cap  d’Agde et j’aperçois une voile avec une inscription rouge ? Qui est-ce ?

Je me retourne. Il y a une voile bleue ! Vecteur Plus est derrière moi ! Mais qu’a t’il fait ? Il a du avoir de la casse et fait demi-tour vers le Cap d’Agde… Je me ressaisie… et me rends compte que j’ai tout simplement fait une très bonne affaire et suis maintenant en seconde position.

Après quelques virements et la prise d’un troisième ris, Aloys est de nouveau devant moi. Il part au large et je décide de l’accompagner. Nous faisons un long bord de près dans un vent bien établi à 35 nœuds. Le soleil décline derrière les montagnes. La mer est plate, verte et parcourue  de nervures d’écumes. L’air est chaud et plein d’une odeur de terre. Je suis en speed test avec Aloys et je le vois tomber sous mon vent. C’est une satisfaction infinie pour moi !  Je suis pleine de reconnaissance pour l’architecte et le constructeur de mon bateau. Il va vraiment bien au près dans le vent fort ! C’en est presque indécent ! J’adore.

Le vent ne cesse de monter et l’on attend bientôt 45 nœuds en rafales. Ça y’est… On y est … Le bateau se couche, dérape, une onde d’écume blanche parcourt la mer. Je me dis que ces circonstances devront rester secrètes et surtout n’être jamais portées à la connaissance de ma mère !

Il faut pourtant continuer, avancer. J’ai en tête cette chanson « come on and rescue me, tin nin nin nin nin !!! » . C’est bien d’actualité et cela rythme mes manœuvres.

            Je suis pourtant inquiète : le vent prend encore de la droite et je suis partie à gauche pour accompagner Aloys. Il me faudra virer pour me rapprocher de la côte et je serais alors en refus ! Cela me tord le ventre. Je suis sûre que mes camarades sont à la côte en pleine adonnante !

La nuit tombe tandis que je me rapproche de la bouée. Je tire des bords dans 40 nœuds. A chaque virement, le bateau se vautre complètement du fait de la quille placée sous le vent. Je dois par ailleurs arriver à border mon solent avec une écoute qui glisse ! La gaine s’est en effet déchirée ! Aller ! Il faut border cette écoute ! Faire du cap !

Il y a cependant une bonne nouvelle : je ne vois pas de feux de mats débouler pleine balle au portant. En fait, je ne vois même aucun feu de mat.

Il y a une petite lueur qui scintille. « C’est ce qu’on appelle la bouée » dira t-on. Je ne suis pas peu fière de m’annoncer en VHF car je suis sûre d’être seconde. Et seconde, dans ces conditions musclées au près, c’est bien !

Un empannage acrobatique et ouf !J’abats ! On rentre à la maison.

Je ne vois pas de poursuivants et je calme le jeu en attendant de renvoyer de la toile.

Le vent baisse. Aller ! C’est petit spi ! et c’est parti pour cinq heures  de descente à 12 – 13 nœuds, relax à la barre !

Le paysage défile : des petites lumières partout ! Des cardinales, des filets, les lumières de  la  ville. Je suis bientôt au Cap d’Agde, puis à Sète. Dans deux heures je suis au port et c’est tant mieux car je n’en puis plus. Je me rend compte que c’est la première fois que je mène mon coursier à cette allure, de nuit.

Le vent refuse et je dois affaler mon spi. J’envoie le solent pour les derniers milles au reaching. Mon pilote s’emballe et j’entends bientôt une succession de « bips » qui signifient que je dois maintenant me débrouiller sans électronique. C’est fâcheux, car je dois préparer mon atterrissage et sans pilote je ne peux pas lâcher la barre. Je m’aventure à quelques incursions dans le bateau pour attraper la carte mais je ne peux pas construire un point fiable.

Tant pis ! Je finirai bien par reconnaître Port Camargue ! Je m’approche, je m’approche et je n’y comprends rien à ces lumières. Il y a une petite lumière scintillante et blanche. Ce doit encore être un filet. Je vais la laisser à bâbord.

Je m’annonce à la VHF. Je vais bientôt arriver. Je crois que je suis seconde.

Mais mon bateau est soudain soulevé par une vague et retombe avec un bruit sourd. Je suis sur le banc de sable ! Je vois la plage et la Cardinale Nord ! Je sais où je suis ! Sur le banc de sable ! J’appelle le comité en VHF pour le prévenir. C’est alors que j’entends une nouvelle qui me crucifie : trois bateaux se présentent sur la ligne d’arrivée ! Un quatrième est encore derrière moi mais se présente à la Cardinale Nord. Je quille et m’extrais de l’emprise du stable pour franchir les derniers mètres me séparant de la ligne d’arrivée.

Je finis sixième et troisième proto avec seulement treize seconde d’avance sur Adrénaline. C’est mon premier podium en solitaire et une magnifique expérience de vent fort.

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Marine Feuerstein
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