Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Marine Feuerstein
17 septembre 2007

Les Trois Continents : Les Montagnes Russes ou "La Finale du Super G"

5 Juillet 2007

            

            Le soleil grimpe et s’établit sur la mer. Les nuages se dissipent, mon inquiétude aussi. Le vent semble mollir et la mer s’aplatit. Nous envoyons le spi medium. Le bateau va vite mais reste maniable et j’ai la satisfaction d’avoir la bonne voile au bon moment. Thomas me garantit que le grand spi pourra être réparé, que ce n’est rien. Ça va mieux.

            Le vent souffle à 25 – 30 nœuds et nous sommes à plus de 100 milles de Malte. Le bateau file et nous enchaînons des heures de navigation à 10 nœuds de moyenne. Le spi medium est parfaitement adapté à la situation et rend la barre  légère. Les trajectoires sont saines. Je n’ai jamais vu mon Mini comme ça ! La vitesse ! La vitesse ! Les gerbes d’eau !

La mer se lève.

Les creux sont de plus en plus gros et le bateau ne cesse d’accélérer. Nous n’arrivons plus à tenir notre rythme de quart et décidons de garder la barre une heure chacun. Celui qui ne barre pas reste dans le cockpit, le plus en arrière possible. Nous avons déjà matossé tous les poids à l’arrière. Avec deux ris dans la grand’voile, ça va mieux. Nous ne nous rendons pas compte de la vitesse du vent. Je me concentre sur ma respiration et sur la trajectoire du bateau. Il faut négocier les crêtes qui déferlent et parfois accepter de ralentir pour ne pas se précipiter sur une pente trop raide ou rattraper un train de vagues. C’est très stressant. Nous serons certainement à Malte ce soir. Lorsque nous sommes au sommet de la vague, le bateau ralentit et nous distinguons parfaitement le plan d’eau. Il y a un cargo ici et un autre là. Le paysage est magnifique, comme une vue de montagne. Le ciel est bleu, c’est sauvage. Les vagues déferlent dans un bouillonnement  d’écume et de lumière. Elles sont creuses et serrées.  C’est blanc.

            Je suis effrayée par certaines accélérations et par la raideur des pentes. Au creux de la vague le bateau enfourne puis il repart, porté et poussé par la vague suivante. Parfois, il esquisse un départ au lof, mais il suffit d’un tout petit coup de barre, conjugué à la force de la vague pour le remettre dans sa trajectoire et le faire partir au surf. On aligne les milles. On slalome entre les bosses. Il faut tenir, tenir pour arriver vite à Malte.

Mais où est elle cette île ? Cette civilisation ? Et si certains haut-fonds n’étaient pas mentionnés sur la carte ? C’est peut-être cela l’aventure d’Adventure Bank ?

Il y a une masse sombre, là-bas. Ses formes sont anguleuses comme celles d’une montagne. Est-ce l’île de Pantelleria ? Ce n’est pas possible. On ne devrait pas voir cette île. Lorsque je distingue des lettres blanches sur le rocher, je comprends qu’il s’agit d’un porte-conteneurs. Il fait front à la mer et remonte le canal de Sicile. J’en ai rarement vu d’aussi gros.

            Nous partons au lof. Le bateau est posé sur la tranche au sommet d’une vague et les voiles battent violemment. Il y a vraiment du vent ! Trop de vent ! On ne tient plus le spi et il faut l’affaler. On n’a qu’à envoyer le petit spi et l’on pourra continuer nos cavalcades dans l’écume !

Par trois fois je prépare le petit spi et par trois fois il s’emmêle dans l’étai. J’ai honte ! Je ne suis même pas capable d’envoyer une voile ! Je renonce,  envoie le solent et laisse Thomas se débrouiller avec.

On subit maintenant la situation. Plein vent arrière, le solent  est mal établi. Il passe d’une amure à l’autre et s’entortille autour de l’étai. Il claque, tire sur le mat et se dé lamine.  La trajectoire du bateau devient chaotique. C’est pénible et je préfère me coucher.

« On va envoyer le gennaker ! C’est ça qu’il faut faire ! » dis-je après un temps de repos. « On aurait pu le faire il y a une heure ! » me répond Thomas. C’est vrai.

On repart sous gennak’. Le bateau accélère. Ça y’est, on a repris le contrôle de la situation.

            

             

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Bravo pour ce site. La lecture des récits donne envie de participer à ces évènements, à cette grande expérience.<br /> Bonne continuation
Marine Feuerstein
Publicité
Archives
Publicité